DNA – Comme un grand

Haguenovien de naissance, le joueur de Pontoise-Cergy Can Akkuzu a décroché son premier titre de champion de France, dimanche. Une véritable confirmation.

Depuis le retrait des « Mousquetaires » (Gatien, Chila, Éloi et Legoût), qui ont régné sur la discipline pendant plus de deux décennies et dont le dernier titre remonte à 2011 avec Christophe Legoût, la jeune génération a pris le relais.

Can Akkuzu, formé au TT Haguenau, vient de décrocher son premier titre national à 21 ans.

Tristan Flore, Simon Gauzy, Emmanuel Lebesson, Adrien Mattenet, Stéphane Ouaiche ou encore Alexandre Robinot se sont succédé au palmarès. Sans toutefois qu’aucun n’écrase la concurrence. Il n’est donc pas si surprenant qu’un autre jeune pétri de talent et déterminé, certainement le Français le plus en vue ces derniers mois, ne rentre dans la danse.

Boll a tremblé

Can Akkuzu avait en effet signé des performances de premier choix l’an passé en battant deux Top 10 mondiaux, le Chinois Fang Bo à l’Open de Corée et le Japonais Kenta Matsudeira à l’Open de Suède.

Lors du dernier Euro, il était par ailleurs passé à deux points d’éliminer le futur champion, l’Allemand Timo Boll, alors n° 3 mondial, qui s’en était finalement sorti 13-11 à la… septième manche.

Au Mans, après un premier tour de rodage contre Duransphasic (4-1), le 73e mondial s’est offert un premier acte de bravoure en faisant passer à la trappe Emmanuel Lebesson (4-3), 36e mondial et sacré champion d’Europe en 2016.

« Je me sentais bien et j’ai disputé un bon match, a-t-il souligné. J’ai réussi à faire la différence mentalement. »

« Un coup de boost »

Après ce déclic, le jeune homme de 21 ans a écarté Alexandre Cassin (4-2) en quart de finale et Jérémy Petiot (4-1) en demi-finale. En finale contre la surprise caennaise Antoine Hachard, lui aussi auteur d’un parcours sensationnel avec des victoires contre Simon Gauzy et Tristan Flore, Can Akkuzu ne devait pas laisser passer cette superbe occasion.

« Il a d’abord pris l’ascendant pour mener deux sets à zéro alors que je ne jouais pas mal, a-t-il analysé. J’ai effectué des réglages tactiques et j’ai modifié mes trajectoires de balle pour trouver la faille. »

« Je suis très content et fier de ce titre, savoure-t-il. Cette victoire démontre que je suis sur la bonne voie et me permet d’accumuler de la confiance. J’en attends un coup de boost pour la suite. »

L’ancien joueur du TT Haguenau vise désormais une qualification pour les prochains championnats du monde à Budapest (21-28 avril) et de bien finir la saison en Pro A (actuellement 3e avec Pontoise-Cergy).

Des mentors de longue date

Ce titre met en lumière un parcours atypique débuté il y a quinze ans dans sa ville natale. À six ans et demi, l’entraîneur Julien Jung, toujours proche du joueur pro, a tout de suite repéré son potentiel. Le jeune Can a ensuite fréquenté le Pôle Espoirs d’Haguenau, où il entamera une collaboration fructueuse avec Jérôme Richert.

Le technicien alsacien était d’ailleurs au coaching lors de ce premier sacre manceau. « Bien que j’habite en Allemagne et que je joue en Île-de-France, on a gardé un contact régulier. Il regarde tous mes matches et me connaît très bien. Sa présence est naturelle. »

À 14 ans, Can Akkuzu a rejoint le Pôle France de Nantes avant d’intégrer l’Insep. En 2015, il a voulu prendre sa carrière en main et a décidé d’aller s’entraîner dans le club allemand d’Ochsenhausen. Il rejoignait ainsi la filière expérimentée avant lui par Simon Gauzy (ex-n°8 mondial) et quelques-uns des meilleurs espoirs mondiaux comme le Brésilien Hugo Calderano (n°6).

Il est suivi dans le Bade-Wurtemberg par Michel Blondel, ancien entraîneur national. Posé et travailleur dans un environnement tourné vers le très haut niveau, Can Akkuzu peut assurément viser encore plus haut. D’abord le Top 50 et pourquoi pas rejoindre les tout meilleurs, comme son modèle le Coréen Lee (n°7). Il s’est prouvé qu’il en était capable. Yes, he Can !

J.-M.B.